Filles de la nuit, splendeurs et misères (Orsay soulève le rideau)

Ballet, ou L’Etoile, E. Degas(1876)

                Elle s’élance, l’étoile, légère et vaporeuse. Le buste offert, la tête évanouie, elle se donne à son rêve. Mais n’avez-vous pas vu, dressé derrière le rideau, cet homme en noir, hiératique et sans visage ? Il regarde, il attend, il a la main dans une poche pleine d’argent.

Car en coulisses, c’est une autre scène qui se découvre : l’étoile est une jeune fille pauvre, placée là par sa mère sous l’égide d’un « protecteur », moins amateur de danse que de danseuses. Il est sa chance : celle d’une célébrité ambiguë et d’une fortune rapide.

Son nom? Nana, Manon, Carmen.

Ainsi le musée d’Orsay revêt-il ses apprêts nocturnes, tout en drapés, velours rouge et lumières tamisés, restituant l’ambiance d’une maison close ou d’un hôtel particulier qu’un riche galant aurait offert à sa courtisane, pour nous faire pénétrer dans l’antichambre du Paris du Second Empire et nous exhiber la réalité de destinées féminines tout à la fois solaires et tragiques.


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